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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 08:39

Dans l'article précédent, le Titan Prométhée volait le feu aux dieux, ému par la triste condition de l'homme qui grelottait dans le froid parce qu'il n'avait pas encore été fichu d'inventer les vêtements. Il offrit le 4e élément aux hommes, avec en bonus tous les arts et les techniques, dont l'industrie textile, probablement. L'humanité échappa ainsi à la punition de Zeus qui, boudant suite à une sombre histoire de sacrifice, l'avait privée de feu de cheminée.

 

Zeus, cette fois, le prit très très très mal, et décida de punir tout ce beau monde. Il commença par envoyer Héphaïstos voir Prométhée, en compagnie de deux des enfants de Styx, Force et Puissance. Les trois dieux saisirent le Titan, l'amenèrent au sommet du Mont Caucase, où ils l'enchaînèrent et le condamnèrent à rester bloqué là. Zeus fit même un grand serment, jurant sur le Styx que Prométhée resterait toujours lié par ces chaînes à ce rocher, d'abord !

 

Prométhée, furieux, se mit à crier :

 

- D'accord, tu m'enchaînes, mais toi, tu seras détrôné par un de tes fils, oui, je sais quelle femme sera la mère du dieu qui te mettra à bas de l'Olympe !

- Comment ça ? s'écria-t-on sur l'Olympe.

 

Et voilà que les dieux se mettent à interroger le Titan qui, ferme comme un roc, ne pipe pas un mot de plus. Zeus voit définitivement rouge et envoie alors à Prométhée un aigle immense pour lui infliger une torture éternelle : chaque matin, l'aigle arrive, ouvre le ventre du Titan d'un coup de griffe, fouille dans les entrailles, lui arrache son foie et le dévore (gore, non ?). Mais chaque soir, après le départ de l'aigle, l'organe repousse et se reforme, exactement identique. L'aigle peut donc se gorger de foie gras gratis tous les jours.

 

promethee-copie-1.jpg

[L'aigle : "Grâce à Prométhée, pour moi, c'est Noël tous les jours ! Miam !"]

 

Mais les humains non plus ne s'en tireraient pas comme ça. Va suivre ainsi la légende la plus misogyne de l'Antiquité..

 

Voici donc la punition que Zeus imagina pour l'humanité :

 

Jusque là, les hommes vivaient entre hommes, c'est-à-dire peinards, sans femmes, entre copains. Ils pouvaient joyeusement passer leur temps à boire des bières, geeker, raconter des blagues salaces, regarder le foot à la télé, à condition d'inventer préalablement le foot et la télé. Bref, selon les Grecs anciens qui étaient d'horribles machos, c'était le bon temps. Nul n'avait à se soucier de sa reproduction, puisque les hommes naissaient directement de la terre. De plus, il n'y avait ni morts douloureuses, ni maladies, ni souffrances.

 

Zeus convoqua alors les dieux : il ordonna à Héphaïstos de fabriquer en argile un être qui ressemblerait aux déesses, à Athéna d'apprendre à cet être le tissage, la couture tout ça (quand je vous dis que les Grecs étaient machos), à Aphrodite de la rendre trèèès belle, et à Hermès, il fournit une mission spéciale :

 

- Je veux que cet être soit trompeur, menteur, dépensier, pas bien intelligent malgré tout. Donc tu vas lui insuffler une âme de ce style.

- Chef oui chef ! répondirent les dieux, et ils se mirent au travail.

 

Après quelques heures de boulot (les dieux de l'Olympe ont une productivité à faire pâlir le meilleur des ouvriers allemands), les dieux présentèrent à Zeus leur création : un être comme il n'y en avait jamais eu encore chez les mortels, avec une poitrine ronde, des hanches plus larges que les hommes, une taille plus fine... Bref, c'était la première femme de l'humanité, et une très belle, 90-60-90, une certaine Pandore, le don (dôron) de tous (pan) les dieux aux hommes.

 

Sur ce, Zeus en fit cadeau à Epiméthée, le Titan frère de Prométhée, qui s'était établi chez les hommes. Prométhée avait pourtant prévenu son frère de ne jamais accepter de cadeau de Zeus, mais Epiméthée avait deux défauts : 1) il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez (c'est "Celui-qui-réfléchit-après", je vous rappelle) 2) il trouvait Pandore très jolie et très attirante, et il en était tombé amoureux. Ce qui était un défaut en soi, car Pandore était la première de toutes les cruches, l'ancêtre de toutes les bombasses mignonnes et stupides. Enfin, elle inaugurait la série de toutes ces filles qui sont, aux yeux de celles dont le physique ressemble à celui de la rédactrice de ce blog, la preuve vivante qu'il y a une justice sur terre. Vous voyez Brigitte dans les sketches de Florence Foresti ? Eh bien pareil. Epiméthée, qui n'avait pas bien regardé les sketches de Foresti, épousa Pandore et eut avec elle une fille nommée Pyrrha.

 

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["Hihihihi ! Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? Je suis sûre que mon Epi chéri y planque sa réserve secrète de Schokobons !"]

 

Or il y avait chez Epiméthée une jarre qu'il ne fallait surtout pas ouvrir. Pandore, un jour, s'en approcha, se demanda : "Oh mais qu'est-ce que ça peut bien être cette jarre dis donc ? Et qu'est-ce qu'il peut y avoir à l'intérieur ?" Brûlant de curiosité, elle saisit le couvercle, sourire aux lèvres, et l'ouvrit d'un coup : paf ! horreur ! Dans un grand chambardement cosmique, en sortent tous les maux, les maladies la douleur la souffrance, la mort douloureuse, les soucis les peines les privations et tout un tas de jolies choses de ce genre, qui fondirent sur l'humanité et l'accablèrent de malheur. Pandore se dit : "Oups ! J'ai peut-être fait une bêtise !" et referma la jarre, mais c'était trop tard : elle n'avait réussi à bloquer dans la jarre que l'Espoir, la seule chose qui reste aux humains. 

 

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["PANDORE !! MES SCHOKOBONS !!!"]

 

Moralité : ne vous fiez qu'à la beauté intérieure. Si Pandore avait eu un beau cerveau, on n'en serait pas là.

 

Sources : Platon, Protagoras ; Hésiode, Théogonie, Les Travaux et les Jours ; Eschyle, Prométhée enchaîné.

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4 février 2012 6 04 /02 /février /2012 19:39

Comme je l'ai dit à l'article précédent, et décidément, lecteur, vous n'avez aucune mémoire, les mythographes ne sont pas fort bavards quant à notre naissance. Deux lignes chez Ovide, rien chez Hésiode... Mépris presque total. Nous ne saurions rien du tout, si le philosophe Platon n'avait pas fait raconter, dans un de ses dialogues, un mythe au sophiste Protagoras, qui nous présente la deuxième version de l'histoire des hommes. Protagoras, savant orateur du Ve siècle avant Jésus Christ, initiateur du premier grand mouvement sophistique... Vous vous en fichez ? Vous voulez l'histoire ? OK, OK. (bande d'incultes)

Quelques articles d'Histoires-Mythiques plus tôt, les dieux avaient flanqué une dérouillée sévère aux méchants Titans. Or parmi la famille de ces affreux rebelles, se trouvaient les Titans Prométhée et Epiméthée, fils de Japet et cousins de Zeus. Leurs noms signifiaient respectivement "Celui qui réfléchit avant" et "Celui qui réfléchit après", ce qui ne assure pas quant aux qualités intellectuelles du dit Epiméthée. Prométhée était donc un intello de première, astucieux et rusé, tandis que son frère était, euh... gentil.

 

Un jour, soit que ça lui ait passé par la tête, soit que les dieux le lui aient ordonné parce que ça les embêtait que le monde soit vide, le Titan Prométhée ramassa de la terre, la mêla à l'eau de pluie et façonna avec de petites silhouettes avec deux bras, deux jambes, un nez et des poils sous les bras : l'homme, dans toute sa grandeur et sa splendeur. Le Titan créa ainsi l'habitant intelligent du monde, le seul être capable d'offrir des sacrifices aux dieux. Ce qui me laisse penser que la commande que lui avaient passée les Olympiens n'était peut-être pas désintéressée.

 

Puis lui et son frangin Epiméthée furent embauchés par les Olympiens. Prométhée (="Celui-qui-réfléchit-avant", pour rappel) et Epiméthée (="Celui-qui-réfléchit-après") devaient distribuer à tous les animaux, l'homme y compris, toutes les capacités possibles et imaginables. Boulot de Titans : ça tombe bien, ils en étaient.


Or, Epiméthée se sentait en forme, et d'humeur créatrice. Il dit alors à Prométhée :


- Attends, frérot, je vais le faire, laisse-moi tout distribuer !


Prométhée, qui devait surestimer l'intellect de son frère, accepta et se retira dans un coin lire Kant et Spinoza. Pendant ce temps, Epiméthée regarde les animaux, regarde les capacités à attribuer et donne à l'un une épaisse fourrure contre le froid, à un autre une réserve d'eau pour survivre à la sécheresse, fait les uns herbivores, les autres carnivores, donne aux carnivores des griffes et des dents pour chasser, aux herbivores des capacités de camouflage et de reproduction pour la survie de l'espèce, fait ça bien, rajoute de la déco (queue des paons, derrière rouge des babouins, moustache de ma prof de maths, tout ça quoi) et, tout fier de son travail, appelle Prométhée.


- Ca y est frérot, t'as vu comme c'est bien distribué !


Prométhée lève le nez de son livre de philo et aperçoit soudain, parmi toutes les espèces bien dotées qui s'ébrouaient joyeusement, un petit corps tout nu dans le fond, sans rien, pas un brin de fourrure, pas une mini griffe, une minuscule mâchoire avec des crocs si inoffensifs qu'on en pleurerait. C'était l'homme. Epiméthée l'avait oublié.

 

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["Epiméthée !! Mais pourquoi t'as séché les cours de comptabilité-gestion ?!"]

 

Or, l'espèce humaine® était la création exclusive de Prométhée, world copyright restricted. Prométhée, voyant sa créature si mal lotie, décida solennellement de la prendre sous sa protection.


En effet, malgré ses moult défauts, l'homme avait encore un avantage par rapport aux animaux : il était le seul à connaître l'existence des dieux et donc à pouvoir lui faire des sacrifices. Quésaco un sacrifice ? J'explique : tu prends un truc agréable, bon à boire, bouffer ou sentir (viande, vins, céréales, parfums, lait, pop-corn, chanel n°5) et tu le brûles sur un grand bûcher selon les rites ; la fumée apporte tout cela aux dieux, qui se délectent de toutes ces bonnes choses, sont pour le coup très contents et t'apportent en échange des avantages substantiels : Zeus ne te foudroiera pas, par exemple (ben quoi ? c'est un avantage, non ?). Pour que les hommes puissent effectuer ces sacrifices, il leur fallait du feu, que Zeus leur fournissait exprès en faisant tomber sa foudre sur la cime des frênes. (Zeus, foudre à la commande, frênes rôtis 24h/24)


Or les hommes se lassèrent de tout sacrifier aux dieux. Un beau jour, dans un bled nommé Méconé, ils convainquirent les dieux de partager la viande des sacrifices avec eux. Une fois que les hommes auraient brûlé la part des dieux, ils garderaient le reste de la viande, se la partageraient et festoieraient grassement avec. Problème : quel morceau donner aux dieux, quel morceau garder ? La bavette ou l'aloyau ? Et puis pourquoi d'abord ?

 

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["Zeuuuus ! Le repas est servi !"]


C'est alors qu'arrive Prométhée, le rusé, qui a réfléchi avant à la question, comme son nom l'indique :

 

- Eh bien il n'y a qu'à laisser les dieux choisir eux-mêmes, suggère-t-il avec une petite idée en tête.

 

Zeus alors arrive en grande pompe, pendant que Prométhée fait les parts : il met d'un côté toute la viande, le petit gourmand, et recouvre tout de peau de boeuf, du bon vieux cuir pas particulièrement ragoûtant ; de l'autre il met deux trois morceaux bien gros et gras, surtout gras, ruisselants de graisse, sous lesquels il fourre tous les os. Et il dit à Zeus, qui vient d'arriver : "Choisis maintenant".


Mais Zeus est un dieu, et un dieu c'est omniscient, au moins en théorie. Il a bien compris que Prométhée essayait de le tromper. Il s'approche de l'autel où le Titan a posé les deux parts, ne fait même pas semblant d'hésiter et prend les morceaux gras à deux mains, les soulève et découvre les monceaux d'os - pour dévoiler la ruse de Prométhée au monde entier. Mais pourquoi donc ? Zeus était-il au régime ? Avait-il décidé de devenir végétarien ? Non ; en fait, il a fait exprès de tomber dans le piège du Titan, pour avoir une raison de le punir et de punir les hommes, qui l'agaçaient à chipoter comme ça sur les sacrifices.
En tout cas c'est ce que raconte ce fayot d'Hésiode.
Zeus donc, un peu véner qu'on ait tenté de le tromper et de lui refiler de vieux os pourris de boeufs même pas origine France, se mit à bouder, et pour exprimer son ressentiment, arrêta de foudroyer les cîmes des arbres pour donner du feu aux hommes. D'un côté les dieux devaient se passer de sacrifices, mais de l'autre les hommes, pas spécialement équipés niveau fourrure [sauf Chabal] à cause de cet étourdi d'Epiméthée, crevaient de froid. Et les bêtes sauvages les attaquaient sans cesse... Prométhée avait beau leur avoir appris à construire des huttes et tout ça, c'était pas la joie. Alors le Titan, pour protéger ses créatures, finit par trouver une solution.

 

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[Prométhée de Jean Delville : le Titan va discrètement (?) chourer la jante alliage du Soleil]


Il s'introduisit subrepticement dans le palais du Soleil en crochetant la porte, et se glissa jusqu'au char flamboyant sur lequel l'astre faisait le tour du monde chaque jour. Là, sur une des roues, il saisit une ou deux braises, et les enferma dans une tige de fenouil creuse qu'il portait sur lui, et s'enfuit. Il venait de voler le feu, qu'il donna aux hommes, avec lequel ils purent se chauffer, se protéger des bêtes et se faire des barbecues avec la viande des sacrifices. Na.


C'est pourquoi le fenouil est une plante fort importante dans le destin de l'humanité. Et d'ailleurs, de la racine de fenouil bien propre, coupée en lamelles avec une sauce huile d'olive et vinaigre balsamique... Miam...

 

Sources : Hésiode, Théogonie ; Ovide, Métamorphoses ; Platon, Protagoras.

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 16:29
"Mais c'est pas tout ça", allez-vous me dire ami lecteur, "on nous cause des dieux par-ci, des dieux par-là, et nous alors ?" Evidemment, dans votre anthropocentrisme réducteur, vous bouillez d'impatience de savoir comment, nous, les hommes, nous sommes nés. Vous attendez une histoire magnifique et sublime impliquant un jardin, une côte d'Adam et un serpent incitant à la consommation de fruits et de légumes frais.
Eh bien vous allez être déçus.

En fait, à la question "Comment sont nés les hommes", il n'y a qu'une réponse : on ne sait pas trop.

En farfouillant cependant dans les recoins les plus obscurs et oubliés de la mythologie, on trouve deux versions. Ou plutôt, trois, mais la dernière n'est réservée qu'à l'initié qui parcourt des textes vraiment, mais vraiment ignorés. Heureusement, cher lecteur, Histoires-Mythiques est là pour vous éclairer sur le chemin du savoir. Poil au rasoir.

La première version de la naissance des hommes est une horrible version pessimiste et pas sympa, dénommée par les spécialistes le mythe des races. On commence fort.


Les hommes sont, en gros, nés de la Terre ; un beau jour, ils ont poussé comme des champignons un peu partout. A l'époque les hommes étaient tous des gentils, bons, beaux et forts, tout le monde s'aimait : c'étaient les hommes de la race d'or, éternellement jeunes. Avec des hommes aussi bons de chez bons parfaitement parfaits, la terre produisait tout toute seule : pas d'agriculture, même pas de pesticides ni d'engrais azotés. On vivait de la cueillette, on mangeait bien sans rien ficher de la journée, on se reposait sous les arbres en mâchouillant des brins d'herbe et en commentant la conduite des dieux. Cette période faste, qui se déroula sous le règne de Cronos, fut appelée l'âge d'or.

 

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[Vous voyez, dans ce tableau de Cranach, l'âge d'or c'est cool, on fait trempette, on danse et c'est pas de la tektonik]


Les hommes de l'époque étaient tellement parfaits que les dieux en firent des Génies et les envoyèrent vivre une vie de délices dans les Iles des Bienheureux. (Ne me demandez pas où sont ces îles, si je le savais j'y aurais déjà déménagé.)

A la race d'or succéda la race d'argent. Race déjà inférieure ; ils étaient toujours éternellement jeunes, mais eux, c'était le genre sales gosses : ils méprisaient les dieux. Les dieux, qui n'étaient pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, les anéantirent totalement. Et pan.

 

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[Âge d'argent, toujours de Cranach : là, tout de suite, on se marre moins, mais notons qu'ils n'ont pas encore inventé la Kalachnikov]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis vint la race de bronze. Eux étaient adultes, mais passaient leur vie à guerroyer, et à force de se taper dessus arriva ce qui devait arriver : ils s'entretuèrent tous et leur race disparut.

 

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["Sous pétexte qu'on est de la race de bronze, on n'est pas illustré par un grand maître de la Renaissance ? C'est quoi ce délire ? Bastooooooon !"]

 

Ensuite survint la race des héros, grands combattants également, mais eux se battaient pour la bonne cause. C'étaient des bons, mais ils étaient mortels, et ils finirent par disparaître dans les grandes guerres genre guerre de Troie ou guerre civile de Thèbes.

 

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[Attention : un génocide à l'échelle mondiale est en train de se dérouler sous vos yeux.]

 

Et enfin, arriva la race de fer, (c'est-à-dire nous) les méchants pas bons, qui passons notre vie à nous faire des misères, à chercher de l'argent et du pouvoir, et qui vieillissons et mourons super vite. il paraît que ça va même être encore pire plus tard, quand les enfants naîtront avec les cheveux blancs, et là le monde sera rempli de maux et de guerres et il ne fera pas vraiment bon vivre. Style crise économique, quoi.

 

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[Par exemple, là, ça va pas fort.]

 

Source : Hésiode, Les Travaux et les Jours.

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 13:25

Pendant qu'Héra tentait l'auto-reproduction avec le succès relaté dans l'article précédent, son mari Zeus, lui, prenait du bon temps. Déjà, il fricota avec l'Océanide Eurynomé et eut trois filles d'une extrême beauté, les trois Grâces, Aglaé, Euphrosyné et Thalie.

Mais le roi des dieux ne s'en tint pas au score lamentable de trois maîtresses illégitimes. Oh que non ! Un beau jour, Zeus croisa son ancienne complice, l'Océanide Métis, qui autrefois lui avait conseillé de faire recracher à Cronos les autres Olympiens, et qui lui avait donné la drogue pour ce faire. Métis était l'incarnation de l'Intelligence prévoyante, rusée, subtile, une intelligence aussi grande que celle de Zeus lui-même. On ne sait pas trop comment cela se passa, mais toujours est-il que l'intellote Métis et le puissant Zeus passèrent une nuit ensemble.


Mais soudain Zeus reçut un oracle express des deux puissances primordiales, Mamie Gaïa et Papy Ouranos :


"Attention mon petit ! Métis aura d'abord une fille, mais elle accouchera ensuite d'un fils, et le fils qu'enfantera Métis sera d'une force et d'une intelligence supérieure à la tienne, et il te détrônera ! En clair : fais gaffe à l'intellote son gosse il s'ra plus fort que toi !"


"Aïe", se dit Zeus. Car il savait que tout comme il avait détrôné son père, tout comme son père avait détrôné son grand-père, il riquait de se faire lui aussi détrôner, s'il ne trichait pas un peu avec le destin. Alors, quand il vit Métis enceinte et sur le point d'accoucher, il s'approcha d'elle sournoisement par-derrière, l'attrapa et, réinaugurant la super-technique anti-fistons rebelles de son père Cronos, il avala tout rond la déesse.


Mais on ne consomme pas de divinités sans risquer de graves troubles digestifs. Comme le dieu se promenait aux alentours du lac Triton, il fut pris d'une migraine affreuse. Héphaïstos, qui était avec lui, s'inquièta quelque peu, d'autant plus que les dieux de l'Olympe ne connaissaient pas le paracétamol :


- Hé beau-papa Zeus, qu'est-ce qui t'arrive ?

- T'occupe... Tiens, donne-moi un coup de hache sur la tête...

- HEIN ? QUOI ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Fends-moi le crâne JE TE DIS !
- Hein ? euh... bon, Zeus, c'est comme tu veux...

 

Et Héphaïstos, de toute la force des ses bras difformes, souleva une hache et fendit le crâne du grand Zeus. Voilà pour le moins une méthode radicale contre la migraine... Mais, au lieu des flots de sang et de cervelle bien gore qui auraient dû couler, sortit de la tête de Zeus une jeune femme minuscule, armée de pied en cap, avec lance, épée, bouclier et tout le bazar. Athéna, déesse des arts de la guerre, de la sagesse et de l'artisanat, était née.

 

On dit même que le Soleil, pour fêter l'évènement, fit pleuvoir une pluie dorée. Joyeuse naissance Athéna, les félicitations au papa et à la maman dans le tube digestif du papa !

 

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[Zeus : "La péridurale, c'est pour les chochottes. Tentez la tronçonneuse."]

 

Par la suite, la petite déesse fut élevée sur les bords du lac Triton, sous la garde du dieu Triton (fils de Poséidon et d'Amphitrite si vous voulez tout savoir). Elle y jouait avec d'autres petites déesses guerrières, genre Niké (la Victoire) et Pallas, fille de Triton. Comme elles étaient un peu garçon manqué, Athéna et Pallas se disputèrent un jour, en gosses obstinées, si bien qu'elles en vinrent aux armes : elles sortirent leur lance, se firent face, se montrèrent les dents et songèrent à se bastonner grave telles des filles caïds du 9-3.


Mais, du haut de l'Olympe, Zeus, qui était un peu papa poule (et Athéna était sa fille préférée de toute façon), vit Athéna et Pallas en train de lancer leurs javelots l'une sur l'autre ; inquiet pour sa gamine, il fit irruption sur le lieu du drame, et brandit l'égide.


- C'est quoi ce truc ? fit Pallas effrayée, mais Athéna pendant ce temps ne put pas retenir son arme, et paf, Pallas tomba par terre zigouilllée d'un grand coup de lance.

 

Depuis, Athéna, pour se faire pardonner, porte comme surnom le nom de Pallas. Elle a aussi fait faire une statue de son amie, en bois, haute d'un mètre cinquante, le Palladion. Ce qui est vachement plus économique que de verser des indemnités à la famille.

 

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[On voit sur cette photo que Niké (dans la main droite d'Athéna) a elle aussi de légers problèmes de santé. Décidément, la fréquentation d'Athéna, c'est dangereux.]

 

Sources : Hésiode, Théogonie ; Apollodore, Bibliothèque ; Pindare, Olympiques.

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 12:27
Or, chers lecteurs qui me suivez depuis bientôt six pages, me voilà confrontée à un problème massif. Comme j'ai (bêtement) dit que je raconterais la mythologie dans l'ordre chronologique, je tombe sur un os. Car, à ce stade de mon blog, se pose le plus gros problème chronologique de la mythologie grecque. Des générations de mythographes et de savants se sont cassé la tête sans solution sur cette GRAANNNDE, cette IMMENNSE question, de la plus haute importance :

Est-ce Héphaïstos ou Athéna qui est né en premier ?

Vous comprenez que le sort du monde dépend de la réponse. (c'est ce que certains des mes amis appeleraient en**ler les mouches...)
En effet, Héphaïstos naît, selon la version la plus connue de la légende, à la suite d'Athéna, mais, toujours selon la plus célèbre des versions, Athéna naît grâce à l'intervention d'Héphaïstos. PalsanZeus et fouchtrHéra.

Bref, après avoir pesé le pour, le contre et le ni pour ni contre bien au contraire, la rédac d'Histoires-Mythiques a opté pour faire naître Héphaïstos AVANT Athéna, et si vous êtes un farouche partisan de la thèse opposée, la même rédac d'Hist-Myth vous déclare solennellement zut-va-l'écrire-toi-même-ton-blog.

Bref. Parlons un peu d'Héra. Héra, furax de s'être fait tromper impunément par son mari Zeus, bouillait de rage en voyant qu'Apollon et Artémis devenaient des Olympiens et des dieux majeurs du Panthéon grec. En plus, Zeus avait donné naissance à Athéna tout seul !... mais Athéna n'était pas née en fait euh, bon, hem, hem, passons à la suite je vous prie. Bref. Héra, montrant les dents, ivre de colère, s'écria : "Je suis une déesse, pas une de ces mortelles qui ont besoin d'un mâle ! Je vais faire un bébé toute seule !"
Alors, sans l'aide de Zeus ni de personne, elle fit un enfant. Engrossée par sa propre volonté, à moins qu'elle n'ait fait appel aux puissances obscures de Gaïa et d'Ouranos (fort capables d'enfanter en solo, eux), elle accoucha indépendamment, et en faisant un pied de nez à son mari. NA.
Sauf que... le bébé était laid.
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[Héphaïstos adulte. En version réaliste]

Quand je dis laid, c'est laid, mais horrible ! Imaginez un croisement entre Jean-Pierre Castaldi, Amanda Lear et un bull-dog. Yeux chassieux, visage difforme, membres tordus, en un mot : l'horreur. Héra fut catastrophée, et surtout très piquée dans son amour-propre de n'avoir pas pu engendrer un être potable. Et comme ce n'est pas l'instinct maternel qui l'étouffe, prenant cet affreux bébé du bout des doigts, elle le balança, telle une vieille chaussette, du haut de l'Olympe. Le nourrisson tomba, tomba, tomba, jusque dans la mer. Ce qui, histoire de ne rien arranger, le rendit boiteux.

Là, dans l'eau, la Titane femme d'Océanos, Thétys, et une de ses filles, l'Océanide Eurynomé, recueillirent le bébé. Elles l'élevèrent dans une grotte sous-marine pendant neuf ans, et on a vu qu'un dieu ça grandit vite ; il devint fort adroit dans le travail des métaux et forgeait aux déesses marines des bijoux et autres (comme quoi c'est toujours pratique d'adopter un dieu). Ce nouveau dieu portait le nom d'Héphaïstos.

Cependant, tout au long de son enfance, le dieu grandit dans la rancune. Il en voulait à sa mère de l'avoir ainsi laissé tomber du haut du ciel, et il avait hérité d'elle un certain esprit rancunier et acariâtre. Bref, il avait la haine. Alors, un beau jour, il fabriqua un grand trône d'or, et l'envoya à sa mère, domiciliée à : Olympe, par colis express.

Réaction d'Héra :

- Mais que c'est beauuuu ! C'est mon fiston qui m'envoie ça ? C'est gentil. Tiens je l'essaye tout de suite.

Elle s'assit dessus, le trouva fort confortable, fort joli, voulut se lever pour appeler Zeus lui montrer le cadeau de son fils qu'est pas gâté par la nature mais qu'est un brave garçon tout de même, et resta assise.
Elle tenta encore de se lever, et resta bloquée. Alors elle regarda ses jambes, et vit qu'elles étaient entourées de chaînes surgies du trône qui l'empêchaient de bouger. Le trône était piégé.

Les dieux durent beaucoup rire d'abord, puis finirent par se lasser ; Zeus surtout, qui pensait à l'image et à la réputation de l'Olympe, trouvait peu flatteur d'avoir comme reine des dieux une bonne femme attachée à un fauteuil. Il pouvait toujours la mettre comme bibelot dans son palais, mais elle braillait comme un goret, ce qui finissait par être désagréable à l'oreille.

Alors on alla sur terre (ou plus exactement sous mer) trouver Héphaïstos. Les dieux passèrent un par un pour le convaincre, mais il ne faisait confiance à personne ; alors on lui envoya Dionysos, le dieu du vin, ce qui pose de nouveau un problème chronologique insoluble car théoriquement Dionysos n' est pas encore né. Bref. Dionysos inspirait vaguement confiance au dieu boiteux, et, offrant la tournée générale, le dieu du vin rendit Héphaïstos pompette, gris, mort, et, avec un sérieux coup dans le nez, hips ! le dieu boiteux se rendit sur l'Olympe, monté sur un âne comme le montre l'image prise ici, pour délivrer Héra. Il détacha sa moman, évita la rouste qu'elle aurait bien voulu lui infliger, et fut intégré dans le cercle des dieux Olympiens. Comme quoi un peu de rancune et de hargne vengeresse, finalement, ça favorise l'ascension sociale.
Hephaistos
["Hurps, j'vais décoller la vieille de son fauteuil, d'ailleurs j'ai pris ma scie à viande"]

Sources : Apollodore, Bibliothèque ; Pausanias, Description de la Grèce.
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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 12:11

Mais le roi des dieux n'avait pas fini de tromper sa femme. Un jour où Héra dormait profondément, Zeus eut une aventure avec la déesse mineure Maïa, une Pléiade (fille du Titan Atlas et de l'Océanide Pléioné), divinité campagnarde, le genre cousine pauvre, qui créchait dans une caverne dans la région du Cyllène, au fin fond de l'Arcadie, trou perdu de Grèce. Maïa était fort jolie au demeurant, avec de très beaux cheveux, même si elle ne pouvait pas se payer le dernier shampoing à la mode Fructos Tête et Epaules.

 

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[bon, là, Maïa a raté son fard à paupières]


Maïa accoucha le quatre du mois, et dès que l'enfant (un garçon) sortit du ventre de sa mère, il sauta sur ses pieds (encore un précoce) et, comme il était déjà d'une intelligence et subtilité fourbe et rusée, et qu'en plus il avait la force d'un adulte, il se mit en tête de faire une action d'éclat pour enrichir la famille. Une idée lui vint. Il allait voler les boeufs du troupeau d'Apollon. Il faut dire qu'à l'époque Apollon était un dieu reconnu, un Olympien honoré, dieu pastoral gardien de bétail, tandis que le dieu qui venait de naître, et qui s'appelait Hermès, n'était rien.


Cela faisait à peine douze heures qu'il était né, et il échafaudait déjà un plan. Tout en réfléchisant, il vit passer devant lui une grosse tortue se dandinant sur ses pattes, et une autre idée lui vint.

 

***Attention si vous faites partie de la SPA sautez ce passage.***


Hermès emporta la tortue au fond de sa caverne, la trucida, sortit le corps de sa carapace, fixa sur l'arrière de cette carapace des bouts de roseaux de tailles diverses, tendit une peau de boeuf sur le tout, y ajouta sept cordes en boyaux de brebis, et tout ceci devint la lyre, grand instrument de l'Antiquité, dont Hermès jouait à l'aide d'un bâton nommé plectre.

***


Et Hermès se mit à chanter des hymnes à son père Zeus, ce qui ne l'empêchait pas de penser à voler le bétail d'Apollon en même temps.

 

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["Je m'appelle Calliope et j'aime caresser les cadavres de tortue" ]

 

A la nuit tombante, il déposa sa lyre dans son berceau, puis quitta l'Arcadie et se mit à courir jusqu'en Piérie, où se trouvaient les boeufs du troupeau sacré d'Apollon, qui broutaient dans une prairie d'asphodèle. Il inspecte les beufs, choisit cinquante bêtes et les sépare du troupeau mais, avec une ruse de Sioux, il fait avancer le bétail à l'envers, en marchant lui-même à reculons... Subtil le ptit Hermès... Arrivé au bord de la mer, il se débarrassa des sandales qu'ils portaient et s'en tressa illico d'autres, des sandales spéciales faites de branches de tamaris et de myrte emmêlées, des sandales broussailleuses qui laissaient, à la place de traces de pas, des traces de farfouillis de branchages, comme si c'étaient les empreintes d'une drôle de bête. Nouvelle ruse : Hermès se garda bien de prendre le chemin le plus court, et avec l'objet du larcin fit un long détour pour regagner l'Arcadie. Il arrivait à un patelin nommé Onkhestos, quand un vieillard du coin, un nommé Battos, qui soignait des arbres fruitiers, le vit passer. Imaginez le spectacle : un bébé chaussé de broussailles devant cinquante vaches marchant à reculons dans la nuit... Inutile de dire que le Battos écarquillait les yeux. "Zut !" se dit Hermès, "un témoin !" Alors le bébé dieu lui dit :


- T'inquiète, vieux, tes arbres auront plein de fruits... Allez, sois sympa, et fais comme si t'avais rien vu d'accord ? Tiens, je t'offre une génisse si tu te tais.


Le Battos saute sur l'occasion et saisit la génisse, en assurant le bébé dieu qu'il ne dira rien, mais si, parole d'honneur... Il sera muet comme une pierre ! Hermès prend note et va cacher ses vaches non loin de là puis, comme sa fourberie n'a d'égale que son insolence, il change d'apparence (c'est un dieu quand même) et retourne vers le vieux en lui disant :


- Hé, dites monsieur, je cherche un bébé qui menait un troupeau de 50 vaches, ça vous dit quelque chose ? Si vous me le dites je vous offre une génisse.


"Chic ! Un moyen de doubler la mise !" se dit Battos. Et il fournit moult informations, décrit le bébé dieu, montre l'endroit où sont cachées les vaches et ainsi de suite. Hermès alors éclate de rire comme un petit fou et lance au vieillard éberlué :


- Ah bravo, tu me trahis avec moi-même ! Tiens, reçois la monnaie de ta pièce !


Et il le change en pierre, pour lui apprendre à être muet comme une pierre.


Hermès reprit son chemin, traversa les montagnes, arriva au bord du fleuve Alphée et s'arrêta là, près d'une grande étable vide, où le dieu laissa paître les vaches avant de les rentrer. Et là, sous la lune, il alluma le premier feu artificiel qu'ait jamais connu la Terre. Avec sa force surhumaine (c'est un dieu quand même) il sortit deux bêtes de l'étable, les tua, les dépeca, coupa la chair et se fit un bon rosbif ; mais il ne mangea pas tout, et laissa les pieds et les têtes dans le feu, pour les brûler en l'honneur des dieux, inventant le sacrifice aux dieux (cela dit étant un dieu il se faisait un sacrifice à lui-même, vous l'aurez remarqué...). Ensuite, bien repu et fier de lui, il nettoya le coin, balança ses sandales brousailleuses dans le fleuve Alphée et retourna dans sa caverne du Cyllène, en passant par le trou de la serrure.

 

Hermès rentra donc chez lui, dans son berceau, et manqua se faire enguirlander par sa mère ; il la calma en lui disant que la prochaine fois, il irait à Delphes voler le trésor d'Apollon, trépieds d'or et vases d'encens.

 

herm

[Le voleur étant celui qui dort sur le lit à droite, je pense qu'on pense parler de délinquance ultra-juvénile.]

 

Mais on ne la fait pas à Apollon.


Voyant qu'on lui avait piqué ses vaches, il se mit à pister le voleur. Et il fut très, très étonné. Déjà, toutes les traces étaient à l'envers, ensuite celles du voleur ne ressemblait à aucune empreinte d'aucune bête connue... Et là il leva les yeux et vit un aigle.


- C'est un signe, se dit-il. Le voleur est un fils de Zeus.


Suivant les traces à l'envers, il finit par arriver au Cyllène, parce que c'était un dieu et qu'on la lui faisait pas. Hermès vit arriver le grand Apollon qui avait l'air plutôt furax et se blottit dans son berceau, serrant sa lyre dans ses bras, en position du foetus, moitié jouant de son instrument, moitié sucant son pouce.


Apollon entra en trombe dans la caverne, se mit à fouiller partout, avisa l'enfant, le souleva violemment de son berceau et lui dit quelque chose du genre :


- Rends-moi mes vaches où je te fais ta fête !


Hermès répondit, l'air candide :


- Hein ? Quoi ? Pourquoi tu t'en prends à un bébé ? Moi je sais pas de quoi tu parles. De vaches c'est ça ? On t'a volé tes vaches ? Moi chuis un bébé, j'ai pas pu voler tes vaches. J'te jure sur la tête de papa Zeus que je dis pas que je suis coupable, et que j'ai pas vu quelqu'un voler tes vaches. (Serment particulièrement retors, car si vous y réfléchissez bien, ça ne veut rien dire)

Et il se mit à siffloter, ce qui fit sourire Apollon qui, tout dieu furax qu'il était, avait un certain sens de l'humour.


-Allez viens petit chapardeur, lui dit-il, je sens que je serai pas le seul à me faire dévaliser. Tu es le dieu Prince des Voleurs. Bon, assez rigolé, rends-moi mes vaches ou je te tue. (Sens de l'humour limité quand même cet Apollon)


Réponse :


- Prout.


Apollon vit rouge, laissa tomber le bébé par terre, puis se disputa avec lui en une belle bataille d'arguments. L'affaire finit devant le tribunal de l'Olympe, où Apollon fit comparaître Hermès. Le bébé dieu s'avança devant Zeus, et dit :


- Toute le monde voit que chuis un bébé et qu'un bébé ça peut pas voler du bétail ! C'est Apollon qui vient là, qui me brutalise. Lui qui est grand et fort, il s'en prend à un ptit bébé comme moi, et pis il m'a menacé de mort. Moi, Zeus, je peux te le dire papa, j'ai pas amené les vaches dans ma caverne. C'est pô ma faute. D'ailleurs je fais un serment. Je le jure : Non ! par les portiques bien construits des Immortels !


Zeus rit beaucoup, parce qu'il voyait bien que tout ce que disait le bébé était à double sens, ce qui ne l'empêcha pas de forcer Hermès à dire où étaient cachées les vaches. Le bébé dieu amena Apollon à l'étable au bord de l'Alphée mais, quand Apollon voulut reprendre ses bêtes, des rameaux surgirent de terre et enveloppèrent les pattes des vaches, si bien qu'on ne pouvait plus les déplacer. Apollon allait se fâcher, quand Hermès se mit à jouer de la lyre, et à chanter un hymne en l'honneur de Zeus et de tous les dieux.


- Waw, dit Apollon. J'adore la façon dont tu chantes. Et cet instrument ! Il est superbe ! Tu me le donnes ? Je t'offrirai quelque chose en échange.


- D'accord, mais on fait la paix, dit Hermès.


Et il donna sa lyre à Apollon qui en échange lui offrit un bâton où s'enroulent deux serpents qu'on nomme le caducée, plus les boeufs en prime. C'est ainisi que les deux dieux devinrent copains comme cochons.

 

Sources : Pseudo-Homère, Hymne à Hermès ; Ovide, Métamorphoses.

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 15:58

Après son accouchement laborieux, Léto quitta Délos peut-être pour fuir Héra, peut-être pour retourner chez les Hyperboréens, ou ailleurs, qui sait ? Toujours est-il qu'elle passa par la Lycie*. (avec ses sabots ?)
Elle crevait de soif, n'ayant pas pensé à emporter à boire (quelle étourdie), quand elle vit, à côté de la route, un étang où des paysans coupaient du jonc.
- Raaaaah de l'eau ! dit-elle en se précipitant vers le lac.
Et là, elle se fait violemment repousser par un des paysans, qui lui dit un truc du genre : "Hé ben ma ptite dame c'est privé c't'étang".
- Quoi ? Mais j'ai soif ! s'écrie la déesse, pourquoi vous m'empêchez de boire bande de brutes, vous êtes sans-coeur vraiment, regardez mes petits enfants qui meurent de soif ! et puis l'eau est à tout le monde, espèce de capitalistes, ne me dites pas que vous trouvez le concept de propriété privée équitable ? Relisez Marx, et laissez-moi boire. (vive les anachronismes)

(A moins qu'elle n'ait dit ça : "Pourquoi me défendez vous ces eaux ? Les eaux appartiennent à tous les humains. La nature, bonne et sage, fit pour eux l'air, la lumière, et les ondes. Je viens ici jouir d'un bien commun à tous. Cependant, comme un bienfait, je l'implore de vous. Mon dessein n'est pas de rafraîchir mon corps fatigué dans un bain salutaire. Je ne veux qu'apaiser ma soif. Ma bouche est desséchée; elle laisse à peine un passage aride à ma faible voix. Cette onde sera pour moi un nectar précieux; permettez m'en l'usage : en vous le devant, j'avouerai que je vous dois la vie. Ah ! laissez-vous toucher par ces deux enfants qui, suspendus à mon sein, vous tendent leurs faibles bras !" Choisissez.)

 

- Fiche le camp sale mendiante, ou on te fait ta fête ! répondirent les paysans, qui ne savaient pas à qui ils avaient affaire, évidemment.

Et pour l'empêcher de boire l'eau, ils troublent la surface du lac pour que la vase envahisse tout, que l'eau soit bien dèg et plus potable. Léto voit soudain rouge, et leur hurle :
- Si vous y tenez tellemernt à votre marais, restez-y !!
Et dans un grand geste divin, elle les transforme en grenouilles. Bien fait.
leto.gif[Francesco Albani, Latone et les paysans lyciens]


Par la suite, son fiston Apollon connut une croissance record, puisqu'en trois jours il atteignait la taille et la force d'un adulte. Alors il se dit : "Ben dites, je suis un dieu, si j'allais me faire faire des temples pour y rendre des oracles ?" Car il se sentait la fibre prophétique.

Alors il se mit à visiter divers patelins : la Piérie, Lectos, Emathie, chez les Eniens, chez les Perrhèbes, Iolchos, Cénée, Lélanté qu'il a trouvé pas assez cool pour lui, Mycalesse, Teumèse, Thèbes, Onkhestos mais y'avait déjà Poséidon dans le coin, Ocalie**, avant de s'arrêter près de la source Telphouse. Apollon trouva le coin chouette, et se préparait à bâtir là un temple quand la Source lui parla et lui dit quelque chose du style :
- Ouais, Apollon, tu sais, y'a plein de chevaux qui passent ici, ton temple il va être tout le temps embêté par le bruit de la circulation, à moins de distribuer des boules quiès à tous les prêtres ça va être insupportable, franchement. Tu ferais mieux d'aller à Crisa, tu sais ce p'tit coin de la vallée du Parnasse ?

Mais en réalité la Source était adorée en tant que divinité par les gens du coin, et elle n'avait pas très envie qu'Apollon vienne lui voler la vedette. Le brave Apollon, qui était encore candide et bonne poire, fit demi-tour et partit vers Crisa.
Là-bas, il posa les fondements de son temple et fit construire le reste par des humains (pas fou l'Apollon).


Mais près du temple, il y avait une autre source, et à cette source s'abreuvait Python. Mais oui, Python, vous vous rappelez, le serpent géant qu'Héra avait lancé sur Léto ! Fils de Gaia et du Tartare, il tuait tous les gens du coin -ce qui risquait de créer une pénurie de personnel pour le temple.

 

Apollon, qui avait l'esprit de famille, s'écria : "C'est lui qu'a fait du mal à ma moman ! Vendetta !", saisit son arc et ses flèches, et, assassinant le reptile qui était en train de digérer le dernier humain qu'il avait dévoré, lui dit : "Ah là tu fais moins le malin !" Depuis, la ville autour du temple est appelé Pythô, le temple est celui d'Apollon Pythien, et sa prétresse principale en sera la Pythie.
"Bon, c'est pas tout ça d'avoir un temple, faut avoir des prêtres maintenant", se dit le dieu. Qui pourrait bien s'enfermer dans ce patelin paumé ? C'est là qu'il voit, sur la mer (car en Grèce la mer n'est jamais loin) un navire plein de marchands originaires de Crète, grande île au sud du Péloponnèse, qui allaient à Pylos (ville du Péloponnèse).
Apollon se change alors en dauphin gigantesque et bondit dans les flots ; vite, il prend le navire par-derrière et le pousse, au grand dam des marins tout étonnés de plus maîtriser le rafiot; jusqu'au large de Pythô et puf, se rechange en dieu, auréolé de lumière et tout et tout. Les marins sont un peu impressionnés. Apollon, qui a un certain culot quand même, leur demande : "Qu'est-ce que vous faites ici ?" Le chef des Crétois répond : "Ben on voulait aller à Pylos, mais j'crois bin qu'un dieu nous a am'nés là de force." Apollon leur dit : "Bon les amis comptez pas retourner en Crète. Moi je suis le grand et lumineux Apollon, fils de Zeus ! Je vous engage comme prêtres dans mon nouveau temple. Et comme j'ai pris la forme d'un dauphin ce sera le temple d'Apollon Delphien en plus de celui d'Apollon Pythien. Et le coin s'apellera Delphes !"
Les crétois, qui avaient l'esprit pratique, répliquèrent : "Et la bouffe alors ?"
Grâce aux dieux, Apollon leur prédit que plein de gens leur amèneraient des brebis à sacrifier dans les siècles des siècles, et que le temple serait célèbre dans le monde entier et attirerait les foules de tous les pays... L'histoire ne dit pas si cela leur permit de manger le soir même.

* sud de la Turquie actuelle
** Vous savez pas où c'est ?... Moi non plus.

Source : Ovide, Métamorphoses ; Pseudo-Homère, Hymne à Apollon Pythien.

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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 10:27

Or donc, comme je vous l'ai dit, Zeus avait la fâcheuse habitude de tromper sa femme Héra. Il courait les jupons de tout être désirable : hommes, femmes, nymphes, chèvres (oui, chêvre !). C'est d'ailleurs grâce à ces frasques que naquirent de grands dieux, des dieux majeurs du panthéon gréco-romain, honorés par tous les peuples ivilisés de la Terre. Beau destin pour des bâtards.

 

Signalons déjà que Zeus trompa sa soeur et femme Héra avec son autre soeur, Déméter, et fut le père de Korè (joli nom qui signifie "la jeune fille", pas d'une originalité folle). Nous retrouverons cette péronnelle dans une prochaine histoire, car en attendant, j'ai bien envie de vous narrer celle de Zeus et de Léto.


Tout commença avec la belle Astérie.
Astérie était la fille des Titans Coios et Phoibé, soeur de la non moins belle Léto, mère de la mystérieuse Hécate. Un jour, Zeus la vit et s'amouracha d'elle. Il voulut, subséquemment, la prendre dans un coin et lui faire *ce qu'homme et femme ont coutume de faire ensemble*, mais Astérie n'était pas d'accord. le barbon fourdoyant n'était pas à son goût.
- Non ! criait-elle. Zeus, sois responsable, tout cela doit se faire entre adultes consentants !
- Mais pourquoi enfin ? protestait le roi des dieux. Et quand Astérie, terrifiée, prit ses jambes à son cou, il se mit à la poursuivre.
- AU SECOURS ! s'écria la déesse, et pour échapper à cet encombrant soupirant, elle se métamorphosa en caille (petit oiseau qui ressemble à un poulet miniature).
Courant à perdre haleine, Astérie ne fit pas attention où elle mit les pattes, et tomba dans la mer. Zeus l'eut dans l'os, car l'objet de ses voeux le fuyait en brasse dans la Mer Egée. Le roi des dieux, pas tout à fait content, décida superbement de se venger, et transforma la déesse-caille en gros bout de roche, qui dérivait dans la mer comme une pauvre petite île perdue, et qu'on appela Ortygie (Ortugia), du nom de la caille, ortux en grec.

 

Frustré par l'affaire Astérie, Zeus se rabattit sur sa soeur Léto (Latone en latin), divinité qui résidait tout au nord du monde, chez le peuple mythique des Hyperboréens, et qui, elle, semblait relativement consentante. Ils firent autant de galipettes qu'ils le souhaitèrent, et Léto tomba enceinte de jumeaux. Sauf que... Héra apprit tout, et que, crevant de jalousie, elle prit Léto en grippe. Et sa grossesse donnait à Héra une excellente occasion de se venger. Parce que la reine des dieux régnait tout particulièrement sur le mariage, la famille et l'accouchement.
- Ah t'es enceinte, hein ? rugit l'épouse trompée du haut de l'Olympe. Toi, divinité mineure, Titanide de mes bottes, t'es enceinte de mon mari A MOI, LA reine des dieux ? Eh bien je vais te lancer une de ces malédictions, que plus maudissant, tu meurs ! Tu ne pourras accoucher sur aucune terre qu'éclaire le soleil, et si un endroit me fait l'affront de te permettre d'accoucher sur son sol, je le maudirai ! et ça deviendra un endroit tout désert et tout pelé pas fertile rien ! Ha ha ha ha ! (<=ceci est un rire satanique)
Et parce que condamner Léto à l'errance perpétuelle et à la grossesse éternelle ne lui suffisait pas, elle envoya pour la harceler un monstre peu sympathique, le serpent géant Python.

serpent

[Je ne sais pas si c'est un python, mais il a pas l'air commode]

 

Léto se rendait donc gentiment chez le gynéco - ignorant tout de la terrible malédiction d'Héra - quand, en ouvrant la porte, elle tomba nez-à-nez avec un serpent énorme et peu affable. "AAAH", hurla-t-elle, et elle prit la poudre d'escampette. Elle se cassa à toute vitesse de chez les Hyperboréens, sa terre natale, en se transformant en louve pour mieux passer la frontière. Et là voilà partie en quête d' un endroit où d'une part elle pourrait accoucher et où d'autre part elle serait débarassée de l'encombrant reptile. Pendant toute sa grossesse, suant sang et eau, elle parcourut la terre habitée pour trouver un refuge. Mais la rumeur de la malédiction d'Héra s'était répandue. Et comme aucune terre n'avait particulièrement envie d'être maudite à jamais, elle se faisait expulser de partout, telle une caravane de Roms dans le pays des Droits de l'Homme.


Jusqu'à ce qu'Ortygie, l'île qu'était devenue sa soeur transformée, lui tende les bras.
Pourquoi ? Ben outre les relations de famille, l'île d'Ortygie n'avait rien à craindre de la malédiction d'Héra, vu qu'elle était déjà un bout de roche stérile, tout pelé et pas fertile, si pauvre qu'il n'était même pas accroché au fond de la mer. Rien à craindre donc. De plus, sur cette île, Léto bénéficierait de la protection du dieu des mers Poséidon. En efffet, le dieu, qui se souvenait de la première partie du serment d'Héra (comme quoi Léto ne pourrait pas accoucher sous la lumière du soleil), eut une idée de génie et fit surgir au-dessus de l'île une voûte d'eau qui la cachait aux rayons solaires.
Pendant ce temps, le serpent Python approchait d'Ortygie...
- Ssssssa alors ! siffla-t-il en arrivant près de l'île. Où qu'elle est, sssssette Léto ? Ssssur l'île ? D'accord... Mais ! Ssss'est pas normal ! Je peux pas passsser ! Sssse fichu Poséidon avec son eau, là, m'empêche d'entrer dans l'île !
Et c'est ainsi que le méchant serpent dut rebrousser chemin...

Héra allait se faire doubler, sa rivale allait accoucher, loin du soleil et des serpents et du reste, mais il lui restait un atout dans sa manche : Ilithyie, la déesse des accouchements. Cette déesse indispensable à la venue au monde des gosses n'éait autre que la fille d'Héra. La reine des dieux la priva de sortie, l'enferma dans sa chambre et ainsi l'empêcha de faire accoucher Léto.
La pauvre Léto, donc, adossée à un palmier qui poussait tout seul au milieu de l'île, essayait en vain d'expulser les marmots de son ventre (eh oui, les césariennes n'existaient pas à l'époque). Et autant vous dire qu'entre les contractions et l'absence de péridurale, elle morflait grvae. Pour l'aider, les plus grandes divinités de l'époque, Océanides et Nymphes étaient venues à Ortygie. Peine perdue, malgré neuf jours et neuf nuits d'effort, sans la présence d'Ilithyie, Léto ne pouvait pas accoucher.

palmier

[Et comme le palmier est quasiment l'emblème universel de Délos, je vous en remets un]

Les déesses prirent alors les choses en main et appelèrent Iris, la messagère arc-en-ciel. Elles l'envoyèrent négocier avec Ilithyie pour que la chose se finisse vite, parce que sage-femme, c'était pas leur job préféré.
Iris se faufila chez Ilithyie, et tenta de la prendre par les sentiments, en vain. La brave fille avait peur de la réaction de sa moman (et si elle se faisait aussi priver d'Internet, comment elle ferait pour chatter avec ses copines les Nymphes ?). Iris essaya autre chose, et exhiba un énorme collier d'ambre et d'or, long de neuf coudées - une coudée égale environ 50 cm donc 4 m 50 de collier, pas mal non ? Si la déesse venait aider Léto à accoucher, elle aurait le collier. Ilithyie, bizarrement, n'hésita plus trop, fit le mur en cachette de sa mère et fila à Ortygie.


Enfin Léto pouvait accoucher, et on dégagea son ventre d'une petite fille, qui aussitôt née, bondit sur ses pieds et alla aider sa mère à faire sortir le deuxième jumeau. (Précoce non ?) Enfin naquit un garçon étincelant, destiné à devenir le dieu de la lumière et du soleil, si brillant qu'on décida de renommer l'île "Délos" (la Brillante). C'est ainsi que naquirent Artémis et Apollon.


Léto sombra-t-elle dans le baby blues ? Que devinrent les enfants ? Vous le saurez dans la suite de notre roman-photo... euh pardon, de notre blog : "Léto, Apollon, Artémis : grenouilles et serpents". (Comment ça un titre pourri ?)

 

Sources : Pseudo-Homère, Hymne à Apollon Délien, Hymne à Apollon Pythien ; Hygin, Fables.

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 17:27

Maintenant que Zeus s'est bien installé sur le trône divin, parlons un peu de ses gosses.

La première épouse de Zeus, selon Hésiode, c'est sa tante la Titane Mnémosyne ( = la Mémoire) avec laquelle il passa neuf nuits torrides pendant ou avant la Titanomachie ; et de ces galipettes nocturnes naquirent neuf filles (quand on vous dit que toute union divine est féconde).
Les Neuf enfants, chanteuses émérites, musiciennes hors pair, artistes et patronnes des artistes, furent nommées les Muses ; chacune se rapportait à un art ou une science précis, et voici la liste officielle, pas de mémoire parce que c'est comme les Sept merveilles du monde on en oublie toujours une.

La liste officielle des Neuf Muses

mousai

[Magnifique image des Muses honteusement volée ]

 

Calliope est leur leader, leur PDG, la plus célèbre et la plus courtisée. Son domaine réservé, c'est la poésie épique, c'est-à-dire de longs poèmes envers solennels contant les exploits guerriers des héros (notamment L'Iliade et L'Odyssée) ;
Clio (comme la voiture), Muse de l'histoire, est la sainte patronne antique de tous vos profs d'histoire-géo ;
Polhymnie, quant à elle, se révèle être une agitée : c'est la Muse de ce genre théâtral antique qu'on appelle la pantomime (équivalent d'une pièce de théâtre en mime) ;
Euterpe se contente d'être la Muse de la flûte (flûte alors) ;
Terpsichore cumule deux mandats : c'est la Muse de la poésie plus drôle, érotique botamment, ET de la danse ;
Erato change de job selon qui veut l'employer : elle est traditionnellement la Muse de la poésie lyrique chorale, c'est-à-dire des poèmes qui dans le temps se chantaient sur un air de lyre et à plusieurs, MAIS un certain nombre d'auteurs en font la Muse de la poésie amoureuse ;
Melpomène, d'un côté, est Muse de la tragédie (ouin bouhou sniif) ;
Thalie, de l'autre côté, est la Muse de la comédie (hahaha hihihi hohoho) ;
Uranie, la plus céleste, s'est impatronisée Muse de l'astronomie.

Les Muses résident sur l'Olympe et produisent un fond musical agréable partout où les dieux vont. A l'occasion, elles prennent des vacances sur le mont Hélicon, où certains prétendent les avoir rencontrées... N'est-ce pas Hésiode ?

La deuxième femme de Zeus fut Thémis ( = la Justice). Avec elle il nous pondit trois filles, nommées les Heures. Mais attention, lecteur pressé ! Ce ne sont pas du tout les heures de la journée mais les Hôraï, les Saisons. Elles sont trois, elles s'appellent Eunomia (l'Ordre), Dikè (la Justice) et Eïrènè (la Paix). Elles servent à quoi ? Euh... Elles font joli dans le paysage...

 

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[Les Heures suivant Dionysos, bas-relief du Louvre]

 

Mais Thémis et Mnémosyne n'étaient que des amantes occasionnelles. Après les avoir engrossées de la sorte, Zeus épousa celle qui fut et restera son épouse jusqu'à la fin des temps mythologiques, à savoir sa petite soeur Héra. Les deux dieux se prirent pour époux en justes noces sur l'île des Hespérides, à l'extrême-ouest du monde, et organisèrent une joyeuse bouffe pour l'occase. Y furent invitées toutes les déités connues. Le dieu messager Hermès (il était déjà né celui-là ? ne pas se poser de question surtout) fit passer l'invite à tous les dieux : il y eut une petite maline, qui s'appelait Khéloné, pour ne pas vouloir venir, et rester bien sagement dans sa maison. Mais on ne refuse pas une invitation de Zeus. Vexé, Hermès retourna chez Khéloné, lui dit des paroles du style : "Alors tu l'aimes tant que ça ta maison ? Ben tu vas plus en sortir !" Bref, il attrapa ladite Khéloné avec son précieux petit home, jeta le tout dans la mer et la transforma en tortue. Non mais.

 

A l'époque de son mariage, Héra devait être gentille, douce, serviable, attirante, complaisante, bref aimable... Le mariage la transforma radicalement. En effet, Zeus, roi des dieux, avait une conception très avant-gardiste du couple, ou disons semi-avant-gardiste : Héra ne pourrait jamais le tromper (et elle ne s'y risqua pas) ; en revanche lui ne se privait pas de coucher avec qui de droit. La déesse Héra se rendit rapidement compte qu'elle était la plus cocue des reines de l'Univers. Elle en devint acariâtre, agressive, d'une jalousie sans bornes. De plus, elle ne pouvait pas se venger des tromperies de son Jules sur Zeus lui-même, sous peine de se prendre un sale coup de foudre pas du tout figuré. Elle prit donc l'habitude de passer sa rage sur tout être faible impliqué dans son cocufiage.

 

Malgré ces rapports conjugaux un peu tendus, le couple réussit quand même à passer trois nuits d'amour, puisqu'il engendra trois enfants.

La première est Hébé, déesse mineure, incarnation de la Jeunesse et éventuellement du Printemps, la jeune fille de la maison. Comme ce fut longtempsla seule fille de la maison, ces machos de dieux Olympiens lui faisaient servir à table, s'occuper de la popote, verser le nectar et l'ambroisie comme une vraie serveuse de resto.

La deuxième est Ilithyie, déesse mineure également, préposée aux accouchements, sage-femme universelle des dieux et des hommes. Très solidaire de sa maman Héra, elle l'aide à l'occasion, quand il s'agit de se venger d'une des maîtresses de Zeus par exemple.

Le troisième, premier fils de Zeus, est la grosse brute divine Arès, dieu de la Guerre et des tueries, des combats violents et sanglants, de la baston sans discernement, et paf-prends-toi-ça-dans-la g****. Pas bien malin, il aime taper, taper et encore taper, et peu la stratégie militaire et toutes ces choses raffinées où il faut réfléchir avant de taper. Son vocabulaire se limite au strict minimum, à savoir "meurf" et "baston" avec, dans des moments d'intelligence, "bonne meuf".

 

Malgré ces défaillances intellectuelles, il s'agit d'un dieu majeur, qui réside sur le Mont Olympe avec les dieux civilisés... Il en descend dès qu'il voit un combat, pour se mêler à la bataille accompagné de ses suivantes les Kères (déesses du Trépas fatal), Eris (déesse de la Discorde), Enyô, Phobos et Deïmos (Terreur, Déroute et Panique), et taper autant qu'il le souhaite.

 

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[Arès se préparant à la baston, image piquée ici]

 

Voici notre roi des dieux flanqué de toute une série d'enfants légitimes. Mais croyez-vous qu'il s'arrêta en si bon chemin sur la voie de la procréation ? Pas du tout, comme vous allez le voir dans les articles suivants...

 

Sources : Hésiode, Théogonie, Le Bouclier ; Mythographe du Vatican ; Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine.

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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 14:54

Maintenant que Zeus et ses alliés ont recruté toute une tripotée d'alliés, la bataille recommence...

 

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[Le mont Othrys. C'est vert, hein ?]

 

Evidemment, c'est plus le même rapport de forces... Car quand les Titans, du sommet du mont Othrys, se mettent à bombarder l'Olympe de bouts de rochers, ils se recoivent soudain cent cinquante fragments de montagne sur le nez. Ce sont les Hécatonchires, qui, comme ils ont chacun cent bras... à deux bras pour un énorme rocher... faites le calcul... Les Titans faiblissent, effrayés, et essaient de s'en prendre aux Olympiens directement.

 

Et pan !

Ils se font griller le museau par un coup de foudre. La mer se déchaîne, les tremblements de terre font vaciller l'Othrys, et pendant ce temps un ennemi invisible attaque les rangs titanesques... Mais que se passe-t-il ?


Explication : les Cyclopes, qui sont d'habiles forgerons, ont créé pour chacun des trois Olympiens mâles une arme magique. Pour Hadès, un casque qui rend invisible ; pour Poséidon, un trident qui commande à la mer et aux secousses sismiques ; et pour Zeus, la fameuse foudre, superbe ouvrage doré à trois éclairs, qui va à merveille avec l'égide qui plus est.


Zeus brandit de nouveau son arme, vise les Titans qui sont déjà en train de mouiller leurs chausses, et d'un éclair énorme et décisif, expédie ce beau monde dans les profondeurs du Tartare (aux Enfers, la deuxième à gauche...). Sauf le Titan Atlas, qui pour une raison méconnue, n'est pas envoyé aux Enfers, mais est condamné à porter la voûte céleste sur ses épaules...

Et comme Zeus n'est pas un rancunier, et que dans le genre distributeur de jobs il est plus fort que l'ANPE, il fait des trois Cyclopes ses forgerons attitrés et des Hécatonchires les gardiens du Tartare où leurs anciens ennemis, les Titans, sont enfermés et livrés aux tortures les plus raffinées... Belle revanche pour les Centbras... Rit bien qui rit le dernier.

 

Source : Hésiode, Théogonie.

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