Dans l'article précédent, le Titan Prométhée volait le feu aux dieux, ému par la triste condition de l'homme qui grelottait dans le froid parce qu'il n'avait pas encore été fichu d'inventer les vêtements. Il offrit le 4e élément aux hommes, avec en bonus tous les arts et les techniques, dont l'industrie textile, probablement. L'humanité échappa ainsi à la punition de Zeus qui, boudant suite à une sombre histoire de sacrifice, l'avait privée de feu de cheminée.
Zeus, cette fois, le prit très très très mal, et décida de punir tout ce beau monde. Il commença par envoyer Héphaïstos voir Prométhée, en compagnie de deux des enfants de Styx, Force et Puissance. Les trois dieux saisirent le Titan, l'amenèrent au sommet du Mont Caucase, où ils l'enchaînèrent et le condamnèrent à rester bloqué là. Zeus fit même un grand serment, jurant sur le Styx que Prométhée resterait toujours lié par ces chaînes à ce rocher, d'abord !
Prométhée, furieux, se mit à crier :
- D'accord, tu m'enchaînes, mais toi, tu seras détrôné par un de tes fils, oui, je sais quelle femme sera la mère du dieu qui te mettra à bas de l'Olympe !
- Comment ça ? s'écria-t-on sur l'Olympe.
Et voilà que les dieux se mettent à interroger le Titan qui, ferme comme un roc, ne pipe pas un mot de plus. Zeus voit définitivement rouge et envoie alors à Prométhée un aigle immense pour lui infliger une torture éternelle : chaque matin, l'aigle arrive, ouvre le ventre du Titan d'un coup de griffe, fouille dans les entrailles, lui arrache son foie et le dévore (gore, non ?). Mais chaque soir, après le départ de l'aigle, l'organe repousse et se reforme, exactement identique. L'aigle peut donc se gorger de foie gras gratis tous les jours.
[L'aigle : "Grâce à Prométhée, pour moi, c'est Noël tous les jours ! Miam !"]
Mais les humains non plus ne s'en tireraient pas comme ça. Va suivre ainsi la légende la plus misogyne de l'Antiquité..
Voici donc la punition que Zeus imagina pour l'humanité :
Jusque là, les hommes vivaient entre hommes, c'est-à-dire peinards, sans femmes, entre copains. Ils pouvaient joyeusement passer leur temps à boire des bières, geeker, raconter des blagues salaces, regarder le foot à la télé, à condition d'inventer préalablement le foot et la télé. Bref, selon les Grecs anciens qui étaient d'horribles machos, c'était le bon temps. Nul n'avait à se soucier de sa reproduction, puisque les hommes naissaient directement de la terre. De plus, il n'y avait ni morts douloureuses, ni maladies, ni souffrances.
Zeus convoqua alors les dieux : il ordonna à Héphaïstos de fabriquer en argile un être qui ressemblerait aux déesses, à Athéna d'apprendre à cet être le tissage, la couture tout ça (quand je vous dis que les Grecs étaient machos), à Aphrodite de la rendre trèèès belle, et à Hermès, il fournit une mission spéciale :
- Je veux que cet être soit trompeur, menteur, dépensier, pas bien intelligent malgré tout. Donc tu vas lui insuffler une âme de ce style.
- Chef oui chef ! répondirent les dieux, et ils se mirent au travail.
Après quelques heures de boulot (les dieux de l'Olympe ont une productivité à faire pâlir le meilleur des ouvriers allemands), les dieux présentèrent à Zeus leur création : un être comme il n'y en avait jamais eu encore chez les mortels, avec une poitrine ronde, des hanches plus larges que les hommes, une taille plus fine... Bref, c'était la première femme de l'humanité, et une très belle, 90-60-90, une certaine Pandore, le don (dôron) de tous (pan) les dieux aux hommes.
Sur ce, Zeus en fit cadeau à Epiméthée, le Titan frère de Prométhée, qui s'était établi chez les hommes. Prométhée avait pourtant prévenu son frère de ne jamais accepter de cadeau de Zeus, mais Epiméthée avait deux défauts : 1) il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez (c'est "Celui-qui-réfléchit-après", je vous rappelle) 2) il trouvait Pandore très jolie et très attirante, et il en était tombé amoureux. Ce qui était un défaut en soi, car Pandore était la première de toutes les cruches, l'ancêtre de toutes les bombasses mignonnes et stupides. Enfin, elle inaugurait la série de toutes ces filles qui sont, aux yeux de celles dont le physique ressemble à celui de la rédactrice de ce blog, la preuve vivante qu'il y a une justice sur terre. Vous voyez Brigitte dans les sketches de Florence Foresti ? Eh bien pareil. Epiméthée, qui n'avait pas bien regardé les sketches de Foresti, épousa Pandore et eut avec elle une fille nommée Pyrrha.
["Hihihihi ! Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? Je suis sûre que mon Epi chéri y planque sa réserve secrète de Schokobons !"]
Or il y avait chez Epiméthée une jarre qu'il ne fallait surtout pas ouvrir. Pandore, un jour, s'en approcha, se demanda : "Oh mais qu'est-ce que ça peut bien être cette jarre dis donc ? Et qu'est-ce qu'il peut y avoir à l'intérieur ?" Brûlant de curiosité, elle saisit le couvercle, sourire aux lèvres, et l'ouvrit d'un coup : paf ! horreur ! Dans un grand chambardement cosmique, en sortent tous les maux, les maladies la douleur la souffrance, la mort douloureuse, les soucis les peines les privations et tout un tas de jolies choses de ce genre, qui fondirent sur l'humanité et l'accablèrent de malheur. Pandore se dit : "Oups ! J'ai peut-être fait une bêtise !" et referma la jarre, mais c'était trop tard : elle n'avait réussi à bloquer dans la jarre que l'Espoir, la seule chose qui reste aux humains.
["PANDORE !! MES SCHOKOBONS !!!"]
Moralité : ne vous fiez qu'à la beauté intérieure. Si Pandore avait eu un beau cerveau, on n'en serait pas là.
Sources : Platon, Protagoras ; Hésiode, Théogonie, Les Travaux et les Jours ; Eschyle, Prométhée enchaîné.