Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 12:27
Or, chers lecteurs qui me suivez depuis bientôt six pages, me voilà confrontée à un problème massif. Comme j'ai (bêtement) dit que je raconterais la mythologie dans l'ordre chronologique, je tombe sur un os. Car, à ce stade de mon blog, se pose le plus gros problème chronologique de la mythologie grecque. Des générations de mythographes et de savants se sont cassé la tête sans solution sur cette GRAANNNDE, cette IMMENNSE question, de la plus haute importance :

Est-ce Héphaïstos ou Athéna qui est né en premier ?

Vous comprenez que le sort du monde dépend de la réponse. (c'est ce que certains des mes amis appeleraient en**ler les mouches...)
En effet, Héphaïstos naît, selon la version la plus connue de la légende, à la suite d'Athéna, mais, toujours selon la plus célèbre des versions, Athéna naît grâce à l'intervention d'Héphaïstos. PalsanZeus et fouchtrHéra.

Bref, après avoir pesé le pour, le contre et le ni pour ni contre bien au contraire, la rédac d'Histoires-Mythiques a opté pour faire naître Héphaïstos AVANT Athéna, et si vous êtes un farouche partisan de la thèse opposée, la même rédac d'Hist-Myth vous déclare solennellement zut-va-l'écrire-toi-même-ton-blog.

Bref. Parlons un peu d'Héra. Héra, furax de s'être fait tromper impunément par son mari Zeus, bouillait de rage en voyant qu'Apollon et Artémis devenaient des Olympiens et des dieux majeurs du Panthéon grec. En plus, Zeus avait donné naissance à Athéna tout seul !... mais Athéna n'était pas née en fait euh, bon, hem, hem, passons à la suite je vous prie. Bref. Héra, montrant les dents, ivre de colère, s'écria : "Je suis une déesse, pas une de ces mortelles qui ont besoin d'un mâle ! Je vais faire un bébé toute seule !"
Alors, sans l'aide de Zeus ni de personne, elle fit un enfant. Engrossée par sa propre volonté, à moins qu'elle n'ait fait appel aux puissances obscures de Gaïa et d'Ouranos (fort capables d'enfanter en solo, eux), elle accoucha indépendamment, et en faisant un pied de nez à son mari. NA.
Sauf que... le bébé était laid.
hephaistos.gif
[Héphaïstos adulte. En version réaliste]

Quand je dis laid, c'est laid, mais horrible ! Imaginez un croisement entre Jean-Pierre Castaldi, Amanda Lear et un bull-dog. Yeux chassieux, visage difforme, membres tordus, en un mot : l'horreur. Héra fut catastrophée, et surtout très piquée dans son amour-propre de n'avoir pas pu engendrer un être potable. Et comme ce n'est pas l'instinct maternel qui l'étouffe, prenant cet affreux bébé du bout des doigts, elle le balança, telle une vieille chaussette, du haut de l'Olympe. Le nourrisson tomba, tomba, tomba, jusque dans la mer. Ce qui, histoire de ne rien arranger, le rendit boiteux.

Là, dans l'eau, la Titane femme d'Océanos, Thétys, et une de ses filles, l'Océanide Eurynomé, recueillirent le bébé. Elles l'élevèrent dans une grotte sous-marine pendant neuf ans, et on a vu qu'un dieu ça grandit vite ; il devint fort adroit dans le travail des métaux et forgeait aux déesses marines des bijoux et autres (comme quoi c'est toujours pratique d'adopter un dieu). Ce nouveau dieu portait le nom d'Héphaïstos.

Cependant, tout au long de son enfance, le dieu grandit dans la rancune. Il en voulait à sa mère de l'avoir ainsi laissé tomber du haut du ciel, et il avait hérité d'elle un certain esprit rancunier et acariâtre. Bref, il avait la haine. Alors, un beau jour, il fabriqua un grand trône d'or, et l'envoya à sa mère, domiciliée à : Olympe, par colis express.

Réaction d'Héra :

- Mais que c'est beauuuu ! C'est mon fiston qui m'envoie ça ? C'est gentil. Tiens je l'essaye tout de suite.

Elle s'assit dessus, le trouva fort confortable, fort joli, voulut se lever pour appeler Zeus lui montrer le cadeau de son fils qu'est pas gâté par la nature mais qu'est un brave garçon tout de même, et resta assise.
Elle tenta encore de se lever, et resta bloquée. Alors elle regarda ses jambes, et vit qu'elles étaient entourées de chaînes surgies du trône qui l'empêchaient de bouger. Le trône était piégé.

Les dieux durent beaucoup rire d'abord, puis finirent par se lasser ; Zeus surtout, qui pensait à l'image et à la réputation de l'Olympe, trouvait peu flatteur d'avoir comme reine des dieux une bonne femme attachée à un fauteuil. Il pouvait toujours la mettre comme bibelot dans son palais, mais elle braillait comme un goret, ce qui finissait par être désagréable à l'oreille.

Alors on alla sur terre (ou plus exactement sous mer) trouver Héphaïstos. Les dieux passèrent un par un pour le convaincre, mais il ne faisait confiance à personne ; alors on lui envoya Dionysos, le dieu du vin, ce qui pose de nouveau un problème chronologique insoluble car théoriquement Dionysos n' est pas encore né. Bref. Dionysos inspirait vaguement confiance au dieu boiteux, et, offrant la tournée générale, le dieu du vin rendit Héphaïstos pompette, gris, mort, et, avec un sérieux coup dans le nez, hips ! le dieu boiteux se rendit sur l'Olympe, monté sur un âne comme le montre l'image prise ici, pour délivrer Héra. Il détacha sa moman, évita la rouste qu'elle aurait bien voulu lui infliger, et fut intégré dans le cercle des dieux Olympiens. Comme quoi un peu de rancune et de hargne vengeresse, finalement, ça favorise l'ascension sociale.
Hephaistos
["Hurps, j'vais décoller la vieille de son fauteuil, d'ailleurs j'ai pris ma scie à viande"]

Sources : Apollodore, Bibliothèque ; Pausanias, Description de la Grèce.
Partager cet article
Repost0

commentaires