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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 20:28
Dans l'article précédent, le méchant dieu Hadès, empli de désir lubrique, kidnappait vigoureusement la jeune Koré, fille de Zeus et de Déméter. QUEVATILSEPASSER??? Eh bien, c'est ce que vous détaille cet article.

Chapitre 1 : Démeter mène l'enquête

 

Korè hurle "Mamannnnnnnnn !" et son cri transperce les cieux avant qu'elle ne disparaisse complètement dans le monde souterrain ; Déméter, sur l'Olympe, n'a pas besoin d'avoir spécialement l'ouïe fine pour entendre sa fille beugler ; alarmée, elle descend à toute vitesse sur terre et là, ne trouve plus personne.

- Mais où est mon bébé ? rugit cette maman poule.

bernin-persephone.jpg

 

["M'maaaaaaan ! Rapporte-moi ma brosse à deeeeeents !"]

 

Elle se met à la chercher partout, interrogeant les dieux, les hommes et autres, mais personne ne veut parler, c'est la loi du silence, on craint des représailles de Zeus et d'Hadès... Pendant neuf jours (neuf, chiffre sacré !), la déesse sillonne la terre, torches à la main, en cherchant son petit bébé mignon tout plein d'amour, sans rien trouver, sans manger ni boire, et sans prendre de bain (beurk).
Voilà que le dixième jour, elle croise Hécate, la déesse des intermédiaires et de la sorcellerie, qui lui dit :
- Auguste Déméter, déesse des saisons et des moissons, lequel des dieux ou des mortels a donc enlevé Korè et rempli ainsi votre âme de chagrins ?
- Quoi ? s'exclame la déesse. Ma fille a été enlevée ? Où quand comment ? Qui que quoi dont où ? Mais où est donc Ornicar ?
- Je viens d'entendre sa voix, répond Hécate (elle retarde, ça fait dix jours), mais je n'ai pu apercevoir quel était le ravisseur.
- Viens là ! s'écrie Déméter, et elle l'entraîne chez le Soleil qui, comme chacun le sait, voit tout puisqu'il est au milieu du ciel.
Le brave Soleil était en train de brosser le pelage de feu de ses quatre chevaux de feu qui tirent le char de feu avec lequel il éclaire le monde (de son feu), quand il voit surgir les deux déesses, dont Déméter qui lui saute dessus et lui lance :
- Toi, le Soleil ! Dis-moi qui m'a enlevé ma fille, tout de suite !
Le Soleil répond :
- Euh... ben... c'est que... Déméter... c'est ton frère... Hadès... Mais bon... tu devrais être contente non ? C'est un grand dieu... un dieu riche... pour gendre il est parfait non ? Non tu trouves pas bon ben désolé pour ce que j'en disais hein...
- QUOOOOOOI ?!!! hurle la déesse à qui ça ne plaît pas, mais alors pas du tout. Le Soleil juge plus prudent de s'éclipser sur son char et de laisser Déméter à sa fureur.

Chapitre 2 : Déméter baby-sitter

Déméter était donc un peu vénèr, et pour le coup, se mit à bouder. Elle commença à mépriser royalement les Olympiens et décida de s'exiler sur terre, histoire de, non mais.

 

EleusisDemeterTriptolemos.jpg

[Déméter examine un enfant et songe à une nouvelle vocation : cracheuse de feu et/ou baby-sitter. Elle parviendra à assouvir ses deux passions, n'ayez crainte. Enfin si, pour le gosse.]

 

Elle errait en geignant et ronchonnant sur les terres des mortels, jusqu'à arriver à la ville d'Eleusis, près d'Athènes. Là, sous l'aspect d'une vieille fille grincheuse, elle s'assit près d'une fontaine, sous un olivier. Alors qu'elle gémissait sur son pauvre bébé d'amour mais qu'est-ce qu'il est en train de lui faire ce méchant Hadès, faites confiance à votre famille je vous jure, arrivent quatre filles, les quatre filles du roi d'Eleusis, dans l'ordre : Kallidikè, Dicidikè, Démo et Kallithoè, qui venaient puiser de l'eau. Elles virent cette espèce de vieille bonne femme et, poussées par la curiosité, lui demandèrent d'où elle venait et comment elle s'appelait. Déméter leur raconta un baratin comme quoi elle s'appelait Déô, qu'lle venait de Crète, que son navire avait été attaquée par les pirates, qu'elle s'était enfuie, et que maintenant elle cherchait du travail.
La jeune Kallidikè répondit :
- Dites madame on a peut-être quelque chose pour vous... Ca vous dit de garder un bébé ? Parce que nos parents ont un fils, vous savez. Vous devriez aller voir.
"Why not", se dit la déesse, "ça me consolera peut-être d'avoir perdu ma pauvre chérie d'amour." Et elle suivit les quatre filles jusque dans le palais.
Elle fut présentée à l'heureuse mère, Métanire, et au petit bébé; mais cela lui fit penser à sa chérie mignonne tout plein, et Déméter commença à tirer une tête d'enterrement, emmitouflée dans une vieille peau de mouton qu'on lui avait donné, sans parler, les yeux baissés.
Heureusement, la reine Métanire avait une amie, Iambé, qui s'écria :
- Io, toi, tu causes pas beaucoup ma vieille ! Allez, lâche-toi, rigole ! Faut s'éclater dans la vie !... ce qui finit par faire rire Déméter. Pendant ce temps la reine lui donnait un peu de vin, et la déesse se dérida quelque peu. Elles causèrent, elles parlèrent langes, biberon et petit bébé d'amour, et Déméter fut engagée comme baby-sitter.
Sauf que... Sauf que la nouvelle nounou avait des méthodes bien particulières. Déjà elle ne lui donnait pas de lait à boire ni rien à manger. En fait, elle le frottait d'ambroisie, le portait un peu sur son sein, et la nuit, elle le mettait au milieu d'un feu brûlant. (Je vous déconseille de le faire en vrai). En fait, elle lui faisait suivre un régime spécial pour qu'il ne vieillisse et ne meure jamais (pratique une déesse nounou non ?). Par malchance, une nuit, Métanire eut une insomnie, et voyant Déméter plonger son gosse dans le feu, se mit à hurler :
- QUOI !! Mon enfannnt ! Mon bébéééééééééééééééééé !
- Ouais bon quoi faut pas s'énerver, râla la déesse en enlevant le bébé. T'es nulle toi ! Il aurait pu être immortel ton gamin ! Tu vas m'écouter ma vieille. Je suis la grande et auguste Déméter, pauvre mortelle ! Tu m'as mise en colère ! Mais je serai bonne. Si tu organises des célébrations spéciales en mon honneur et en celui de ma chérie d'amour mignonne tout plein Korè, des rites mystérieux réservés à de seuls initiés, je serai apaisée*. Sur ce, bon vent !
Et elle disparut dans un flash de lumière.

Chapitre 3 : Déméter négocie

 

Mais après cet intermède, Déméter se dit : "Aux grands maux les grands remèdes", se retira dans le temple que lui édifièrent en hâte les citoyens d'Eleusis, et se mit en grève.
Pendant un an, rien ne poussa, rien ne germa, et les hommes étaient menacés de tous mourir de faim. Les dieux, voyant que si ça continuait, il n'y aurait plus de mortels pour leur faire des sacrifices (et CA, c'est grave), commencèrent à se dire qu'il serait peut-être utile d'amadouer la déesse avant que l'humanité ne périsse dans d'affreuses famines. Zeus lui envoya donc Iris, la messagère arc-en-ciel, pour convoquer Déméter sur l'Olympe, mais elle, entêtée, refuse. Alors on lui envoya (dans le désordre) Héra, Athéna, Poséidon, Hermès, Apollon, Hestia, Hadès, Héphaïstos, Aphrodite et les autres, avec plein de cadeaux pour la faire revenir, mais Déméter oppose à leurs tentatives de conciliation une volonté ferme : tant qu'elle n'aura pas sa Korè, c'est niet.
- OK, OK, se dit Zeus, et il envoya Hermès aux Enfers chercher la jeune fille.
- OK, OK, fit Hadès et, avec un sourire rusé, renvoya son épouse à sa belle-maman.
- Chic ! fit Korè qui, même si depuis le temps, elle était tombée amoureuse de son mari, surtout que roi des Enfers c'est une bonne situation, se réjouissait de voir sa moman.
Elle retrouva sa mère, et embrassades, caresses, petits noms tout mignons d'amour chéris tout pleins, jusqu'à ce que Déméter s'aperçoive que quelque chose n'allait pas et s'écrie :
- Dis-moi, ma chérie, tu n'aurais pas mangé quelque chose dans le monde des morts ?

 

demeter-persephone.jpg

[Hermès voudrait bien ramener la donzelle à sa mère éplorée, mais... mais... quelque chose bugue, raaah]

 

Korè, toute confuse, bafouilla deux ou trois machins, puis avoua :
- Ben en fait euh...
Mais un certain Ascalaphos, le fils du dieu-fleuve des Enfers Achéron, qui assistait à toute la scène, se mit à crier : "Si si je l'ai vue ! Elle a avalé un pépin de grenade que Hadès lui a donné !"
Et là, Déméter comprit qu'elle s'était fait avoir, car il suffisait de manger quelque chose du monde des morts pour appartenir à tout jamais aux Enfers. Korè devrait y retourner de toute façon. Plus furieuse que jamais, elle se rua sur le pauvre Ascalaphos, l'écrasa sous un énorme rocher qui le bloqua à l'entrée des Enfers : ça lui apprendrait à faire la balance, non mais !
Alors on se mit à la table des négociations, en présence des partenaires sociaux... euh, pardon, de Déméter, de Korè, d'Hadès et de Zeus, discutant âprement pour trouver un consensus, et Zeus finit par couper la poire en deux : Korè resterait neuf mois chez sa mère, sur l'Olympe, et les plantes pousseraient, fleuriraient, donneraient des fruits (comme ça les hommes pourraient manger, survivre et surtout OFFRIR DES SACRIFICES aux dieux) ; et pendant trois mois, elle irait aux Enfers, se consacrerait à son époux set règnerait sur les Enfers sous le nom de Perséphone, pendant que Déméter ferait la grève en signe de protestation. Et c'est pourquoi en hiver, quand Perséphone retourne chez son mari, rien ne pousse. Essayez pour voir de semer du blé par -2° !

* C'est ainsi que naquirent les Mystères d'Eleusis, célébrations religieuses réservées à des initiés de noble famille, qui enseignaient à la fois les secrets de la vivace Déméter et de la déesse des Enfers Perséphone, révélant donc le chemin du monde des morts, toujours pratique quand on meurt non ?


Sources : "Homère", Hymne à Déméter ; Apollodore, Bibliothèque.

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 16:35

Cependant, il n'y a pas que les jeunes dieux fringants de la deuxième génération qui sont amoureux. La preuve : Hadès, dieu du royaume des morts.

 

Hadès s'ennuyait ferme au fond des Enfers. Il trouvait qu'en fin de compte, dans le partage du monde, il s'était fait blouser, parce que les morts, c'est bien joli, mais leur conversation n'est pas très vivante. Il pouvait bien essayer de passer le temps avec une quelconque Erinye, ou une Gorgone diverse, et autres monstres infernaux, mais à part pousser des ricanements sarcastiques et murmurer des malédictions à l'égard de tous les mortels, elles ne savaient pas dire grand-chose. Bref, ce brave Hadès se morfondait tant qu'il envoya des récriminations à Zeus.

 

Et quand le dieu des morts envoie des récriminations à Zeus, il hurle, terrifiant les Moires qui essayent de le calmer, puis lui disent : "Parle à ton frère Zeus, il résoudra le problème...".

 

Hadès s'adresse donc à Zeus par Hermès (qui circule entre ciel et Enfers quotidiennement) interposé :


- Hé, frérot, qu'est qu'on se fait (censuré ; pas de vulgarité ici, ce blog est sérieux) ici ! Y'a aucune jolie fille ! Toi, tu t'es réservé la terre et le ciel, avec toutes les belles déesses et les jolies mortelles, pendant que moi, je reste planté là à m'ennuyer tout seul, comme un pauvre célibataire... Je mourrai vieux, moche et tout seul...
- Bon, vieux et moche, peut-être, mais mourir, ça m'étonnerait, lui répondit le roi des dieux (toujours par Hermès interposé). Mais je comprends ce que tu veux dire. Tu veux une meuf, c'est ça ?
- Evidemment ! Tu te les gardes toutes !
- Ben tiens, regarde, je t'en ai laissé une. Il y a une déesse, une de mes filles, qui se balade sur terre, je te la donne si tu veux.

Et Hadès leva les yeux (ben oui, les Enfers, c'est sous terre) et vit une jolie jeune déesse qui folâtrait
sur la chatoyante terre de Sicile, cueillant des fleurs avec ses amies déesses et divinités dans l'herbe verte et brillante sous le ciel d'été.

 

Hadès, conquis, s'écrie :


- Waw mais c'est qui ce canon ?
- Elle s'appelle Koré, répond Zeus. C'est la fille que j'ai eue avec Déméter. Mais je dois t'avertir qu'il y a de la concurrence : t'as Arès et Apollon qui sont intéressés. Mais Déméter veut pas qu'on lui enlève sa fille. Tu sais qu'elle est un peu maman poule... Alors elle a planqué sa fille en Sicile, avant d'aller prendre le thé avec Maman Rhéa. Mais bon, on va s'arranger sans elle. J'en parle à Aphrodite, OK ?


Hadès n'hésite pas un instant et accepte.

 

276px-Dante_Gabriel_Rossetti_-_Proserpine.JPG

[Koré selon Dante Gabriel Rossetti. Quand elle vous regarde de cet air féroce, on n'a pas trop envie de faire des calembours débiles sur son nom. Allez ris, Koré (oups, pas pu résister).]

 

Malheureusement, tout comme  pour son neveu Apollon, les plans drague, ce n'est pas le fort du Dieu des Morts. Hadès se voit mal s'approcher de la belle Korè en lui contant florette... Non, c'est un direct, le Hadès, un brutal. Pas le genre à déclamer des vers ou à perdre son temps en techniques de séduction. D'ailleurs le temps, c'est de l'argent, et Hadès est un Dieu Riche et tient à le rester.


La belle jeune déesse était occupée à tisser dans le palais de sa moman en Sicile quand Aphrodite, qui était dans le coup, lui dit : "Comme il fait beau ! Et si tu allais faire un tour cueillir des fleurs ?" Korè, dont c'est le grand trip de cueillir des fleurs, fait : "Chic ! J'y cours !" (Eh oui, elle est un peu gamine la Korè...). Elle court prévenir ses copines les Océanides, et toutes vont faire des bouquets dans les vertes prairies en lançant des rires cristallins et en se racontant des histoires de filles. (quelle horreur)


Mais Hadès surveillait tout d'en-dessous, pendant que Zeus (le papa, je rappelle) surveillait d'au-dessus. Comme Korè se penchait dans l'herbe, le roi des dieux créa aussitôt une jolie fleur blanche d'une espèce nouvelle ; Korè se dit : "mais quelle jolie fleur !", tendit la main pour la cueillir, mais au moment même où elle en coupait la tige, la terre s'ouvre dans un grondement terrible, Hadès en surgit sur son char noir attelé de chevaux écumants, terrifiant les Océanides qui s'égayent en tous sens - et chope Korè qui gémit et hurle de peur.

 

Paris_bordone_015.gif

[Hadès est aussi l'auteur de la version trash de La drague pour les Nuls.]


Une Nymphe s'interpose, une certaine Cyané : "Vous ne passerez pas !" crie-t-elle au dieu. Hadès s'esclaffe, saisit son sceptre, rouvre la terre et disparaît dans les profondeurs en poussant un ricanement infernal. Cyané, désespérée, fond en larmes : elle fond tellement en larmes qu'elle se change en ruisseaux. Et pendant ce temps, Hadès emportait la petite déesse avec la ferme intention de la balancer sur son lit pour en faire son quatre heures.


Pardon, vous aviez dit quoi ? Subtilité, classe, romantisme ? Connais pas.

 

Sources : Claudien, De Prosperpinae Raptu ; "Homère", Hymnes ; Ovide, Métamorphoses.

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25 mars 2012 7 25 /03 /mars /2012 17:18
Dans l'article précédent, Aphrodite, mariée à un boîteux boutonneux bancal et balbutiant se consolait dans les bras du bel (et bête) Arès.De l'union avec Arès, Aphrodite eut cinq enfants : Phobos (la Panique), Déïmos (la Déroute), dignes filles du dieu de la guerre, Harmonie, Antéros (l'Amour réciproque) et surtout Eros (Cupidon en latin), dignes enfants de la déesse de l'amour.
Eros, en particulier, était un ptit archer mignon tout plein, un enfant ailé, blondinet, mais aveugle. Avec son arc, il tirait sur les hommes et les femmes, qui tombaient instantanément amoureux. Or Apollon, le grrrrand dieu de la lumière, des arts, de la médecine, l'archer solaire aux fureurs redoutables, extrêmement beau gosse, bien entendu (comme tout dieu qui se respecte à part Héphaïstos), qui avait lui, trucidé le serpent Python et fait toutes sortes d'exploits avec son arc, se mit à se moquer :
- Ha ha ha c'est quoi ce gosse avec ses flèches? Hey Eros, tu crois que tu vas réussir à tirer avec ton arc, petit gamin ? Regarde moi, moi. Moi, le grrrand dieu de la lumière, l'archer solaire aux fureurs redoutables ! Le boss à l'arc, c'est moi. D'ailleurs, appelle-moi maître.
apollon
[L'arc aurait-il une fonction de substitut ?...]
Eros le prit mal et répondit : "Apollon, tirera bien qui tirera le dernier..." d'un air sournois. Le dieu de l'amour prit en grippe celui de la lumière, parce qu'il était un sacré mauvais joueur dans les compètes de tir à l'arc. Ainsi,  depuis ce jour, et jusqu'à la fin des temps mythiques, Apollon, en amour, il a la poisse.
Il a tellement la poisse que généralement, même si Apollon, eh bien, c'est un Apollon, il n'en séduit pas une. Quand par miracle les donzelles (ou les messieurs) cèdent à ses avances, elles le trompent. Et quand, miracle de miracle, elles restent fidèles, il se passe toujours un malheur catastrophique qui vient endeuiller le couple. Un flirt d'Apollon qui se passe bien, c'est un miracle puissance 3.
D'ailleurs, on ne parlera pas sur ce blog d'aventures amoureuses d'Apollon, mais de mésaventures amoureuses d'Apollon.

 

Apollon se baladait donc dans une forêt déserte de Grèce, sans voir qu'Eros le suivait en cachette, quand il croisa une nymphe nommée Daphné. Cette Daphné était la fille du fleuve Pénée. Je vous rappelle qu'en Grèce tous les fleuves sont des dieux, ce qui complique fantastiquement le panthéon grec. Or, Daphné était du genre vierge chasseresse et, malgré sa grande beauté, pas vraiment portée sur la 17è lettre de l'alphabet.
"Chic !" se dit Eros et, profitant de l'occasion, il tira une flèche sur Apollon et une autre sur Daphné... sauf que celle qu'il avait tirée sur Apollon était une flèche de désir, et celle de Daphné une flèche de dégoût.

Effet immédiat : soudain, Apollon sent brûler en son âme toutes les flammes du désir et de la passion, bref, il est pris d'une irrésistible envie de n***er la nymphe... Alors que Daphné, elle, voit, à la place du séduisant dieu, une espèce d'obsédé lubrique dégoûtant et difforme, la bave aux lèvres et autres symptômes physiques voyants et déplacés.
EXEMPLE n° 1 de la déveine congénitale d'Apollon en amour :

Apollon - Hé mad'moiselle t'aurais pas l'heure ?
Daphné - (C'est quoi ce plan ?) Ô souverain dieu Olympien, la montre n'a pas encore été inventée...

Apollon, pas très doué en séduction, opta pour les grands moyens : il se mit à courir après la belle, qui comprit qu'il voulait (euphémisme) attenter à son intégrité de femme et s'enfuit dans les bois. Elle courait vite, car Daphné était une championne à la course, recordwoman de Thessalie. Mais Apollon était un dieu d'une force physique hors du commun, et quitte à battre le record du monde du 100m, il rattrapa la nymphe, qui courait à perdre haleine en criant "HEEEEEEELP !".
apollon-daphne.jpg
[Apollon : "Daphné, tu peux pas résister, moi je cours le 100m en moins de 10''!"]

Bref, on aurait pu assister à un acte barbare contraire à toute forme d'éthique et de pudeur de la part d'Apollon sur la fille du dieu-fleuve, si Daphné n'était pas justement la fille d'un dieu-fleuve. Alors qu'Apollon posait ses pattes avides et lubriques sur ses épaules, Daphné cria :
- Papa au secours ! Tout sauf ça !
... Et voilà que, grâce au pouvoir de son père le fleuve Pénée qui a entendu sa prière, ses cheveux deviennent verts et feuillus, qu'elle se fige, que de ses pieds partent des racines qui plongent dans la terre, et Daphné se change en laurier.

"M*rde !" se dit Apollon en refermant ses doigts sur un tronc d'arbre. Il aurait pu devenir phytophile, mais comme ses perversions sont limitées, il décréta que depuis, on utiliserait le laurier dans ses temples et que ce serait un symbole de gloire. Tout ça parce qu'il n'avait pas pu se taper la nymphe. Ah les mecs...

Source : Ovide, Métamorphoses.
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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 08:51
Je comptais aborder les histoires mythiques des hommes, mais, devant la chronologie fort complexe et très emmêlée de ce bazar monstrueux, je préfère qu'on cause un peu des dieux. Ca me laisse le temps de me battre avec les lignées généalogiques contradictoires, de rassembler ma bravoure pour affronter mes sources, de défier mon dictionnaire de Grimal au katana.

Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est l'heure de l'histoire salace !
En effet, je vais vous conter une histoire leste et olé-olé, un poil grivoise, comme il y en a beaucoup dans la mythologie grecque. Mais ne vous inquiétez pas ô êtres chastes et purs qui passez sur ce blog, s'il y en a (cette question est sujette à caution). Je ne donnerai pas de détails choquants. Je censurerai tout mot qui pourrait souiller vos oreilles et votre âme. Et pour les autres, bande de pervers, je fais confiance à votre imagination.

Il était une fois l'Olympe. Olympe = montagne. Sur cette montagne des dieux. Parmi les dieux, une beauté, une bombe nucléaire, une fille canon sexy et cetera et cetera : Aphrodite, déesse de la beauté et de l'amûûûr. Mais voilà : à son arrivée, Héphaïstos, le dieu de la forge et du feu, avait épousé la belle sur ordre de Zeus. On en déduit que Zeus a un certain sens de l'humour dans son activité d'agence matrimoniale car si vous avez bonne mémoire, vous savez qu'Héphaïstos était moche comme un pou. Bref, pour Aphrodite, qui était aussi enfant gâtée et superficielle que jolie, c'était pas la joie.
hephaistos.jpg
[Le mari idéal selon Zeus. OK...]

Or sur l'Olympe créchait aussi Arès, le dieu de la guerre, mec super viril avec des biscotos énormes genre je fais de la muscu même la nuit, et un cerveau au développement inversement proportionnel à celui de ses muscles. Il était plus qu'intéressé par Aphrodite. Le macho courtisa donc la pouf. Et un jour, pendant qu'Héphaïstos n'était pas là, ils passèrent à l'acte. Et dans sa maison en plus.

Sauf que le Soleil, qui voit tout (car le milieu du ciel est un poste d'observation idéal, essayez, vous verrez), surprit la chose, et courut avertir Héphaïstos :

- Héphaïstos ! Ta femme te trompe !
- COMMENT ? AVEC QUI ?
- Ben, Arès et elle ont fait l'amour !
- Ils ont fait QUOI ?
- Ah alors ils ont fait (censuré), puis ensuite (censuré) de l'autre côté, puis en bas (alors ça vraiment censuré).
arès & aphrodite[Sur ce tableau de Botticelli, Arès a l'air bien crevé... On se demande pourquoi !]

Héphaïstos, en entendant ça, passa du rouge de honte au vert de rage, éleva sa température personelle à 100° Celsius, explosa, rugit, hurla... enfin tout ce que peut faire un homme dans cette situation, surtout si c'est un dieu grec, et les dieux grecs ont toujours le tempérament bouillant.

Mais il se reprit vite, et comme il était plus rusé et subtil que les deux autres réunis (vous me direz, en même temps, c'est pas très dur), il imagina un piège.

Il se rendit dans sa forge et y travailla toute la nuit.
 
Le lendemain, Héphaïstos fit mine de partir pour Lemnos. Arès survint alors ; Aphrodite venait de dire bonjour à Zeus et rentrait juste dans le palais de son mari, quand Arès lui sauta dessus, lui souffla : "Allez, ici, maintenant", se rua sur le lit de noces de la belle déesse et du dieu boiteux (aucun respect vraiment), et je vous passe les détails (strip-tease express, tout ça quoi). Et là, alors qu'ils étaient en pleine action, soudain, d es mailles d'or se referment sur eux, les bloquent de tous les côtés et les enferment dans un filet indestructible !

Héphaïstos réapparaît alors à la porte de la chambre et s'écrie :

- Ca y est, je vous ai eu, toi la garce qui me faisait cocu et ton amant !

Et il rameute tous les dieux pour qu'ils puissent assister au spectacle (plutôt humiliant) des deux dieux nus comme des vers et emberlificotés dans le filet. Voilà qu'arrivent Zeus, Poséidon, Hermès et Apollon, qui rfient bien de la fâcheuse situation où se trouvent les amants.

"Bien fait pour Arès !" disent les dieux.

Mais Apollon lance à Hermès (toujours copains comme cochons, ces deux-là) :

- Ouais tu dis ça mais pour coucher avec Aphrodite ça te gênerait pas de te faire prendre dans un filet de ce genre...
- Mais même dans un filet trois fois pire que celui-là ! répond Hermès. Et que les déesses viennent voir !
D'où éclat de rire sur l'Olympe, humiliation croissante d'Aphrodite et d'Arès, qui, dès leur libération, se cassent l'un en Crète, l'autre en Chypre...
Et pourtant ils se revirent. Et continuèrent. Sans plus se cacher, maintenant. Tout le monde savait, alors à quoi bon faire style ?
Bravo pour l'idée, Héphaïstos.

Source : Homère,  Odyssée ; Ovide, Art d'aimer.
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